Date de composition 1999

Durée 16 minutes

Editeur Henry Lemoine

“J’éprouve très régulièrement le besoin d’écrire une oeuvre pour instrument soliste. Généralement, c’est après avoir composé une pièce pour un large effectif que je me consacre à ce type d’exercice, qui sollicite une inspiration plus immédiate, plus spontanée. Cela me permet de maintenir un certain équilibre dans ma production entre des œuvres “polyphoniques” qui nécessitent un grand effort d’écoute intérieure, et d’autres “monodiques”, qui ont une véritable fonction de “divertissement” pour moi, car l’idée musicale y est présentée dans un état relativement synthétique, condensé. Une pièce soliste est propice à l’expérimentation, sur l’instrument auquel elle est destinée bien sûr, mais aussi sur le langage lui-même. Dans les différentes œuvres présentées lors de ces deux concerts (à l’Ircam et à Edenkoben), la référence à l’improvisation est permanente, soit dans la recherche de gestes “naturels” et virtuoses (Bug, pour clarinette, Moi, jeu pour marimba), soit dans l’emprunt de formules mélodiques ou rythmiques à des répertoires populaires ne reposant pas sur l’écriture (le jazz pour Jazz connotation pour piano, la musique sud-américaine et le funk pour Le Grand jeu pour percussion et électronique). Mais l’acte compositionnel dépasse la transcription d’une improvisation imaginaire, dans la mesure où il permet de contrôler précisément l’organisation formelle, et donc de jouer efficacement sur l’imprévisible. Plus que pour tout autre effectif, le “solo” réclame que l’on se fixe des limites. Si le cadre structurel et dramatique est cohérent, défini, le discours pourra intégrer les éléments les plus hétéroclites sans que l’écoute n’entre dans une logique d’énumération, de rhapsodie. En l’absence d’une conception polyphonique du matériau, c’est l’articulation formelle qui justifie et qui donne toute sa nécessité à la thématique La plupart du temps, la composition de ces oeuvres a eu pour origine la rencontre avec un interprète (Jean Geoffroy, Jay Gottlieb, Philippe Berrod…). Autant dire que lors du travail d’écriture, l’image du musicien sur scène est constamment présente à mon esprit. La perception que je peux avoir du jeu du futur créateur de la pièce est donc un paramètre qui influence radicalement mon langage, voire mon propos poétique. Cet aller-retour permanent entre mon imaginaire “abstrait” et la représentation que je me fais du soliste qui porte l’oeuvre au concert est un formidable élément de motivation pour moi.”

Bruno Mantovani