Les artistes du concert, dirigé par Bruno Mantovani, entretiennent tous un rapport étayé et dégagé à l’histoire. Dans la bibliothèque d’Unsuk Chin, compositrice sud-coréenne, ancienne élève de György Ligeti, on retrouve les notions de virtuosité et de raffinement musical poussées à l’extrême. C’est le cas par exemple pour Fantaisie mécanique, dont l’élaboration répond à des critères de construction très stricts tout en donnant une illusion d’improvisation. Le tempo rapide, présent de bout en bout, pose cependant plus d’un défi à la virtuosité et au jeu d’ensemble des interprètes. Avec Ballata n°8, Francesco Filidei affirme haut et fort ses affinités électives pour l’opéra, son goût à styliser le passé. Celui qui dans sa jeunesse « fit un tel carême de tout son », se sent libre de jouer avec les références, le lyrisme et la tonalité. Ivan Fedele considère quant à lui l’histoire de la musique comme une géologie dont les strates successives vont constituer le propre d’un artiste. Richiamo (que l’on peut traduire par « appel ») confronte sept cuivres, un clavier et deux percussions à un dispositif électronique. L’œuvre révèle le goût de la symétrie et de la géométrie de son auteur. Cette préoccupation d’un ordre spatial s’entend encore chez Lara Morciano, qui superpose dans Nei rami chiari les plans sonores, les trajectoires et les traitements électroniques.
Unsuk Chin
Fantaisie mécanique
(1994), pour ensemble
Francesco Filidei
Ballata n°8 (création
2022), pour ensemble et
électronique
Ivan Fedele
Richiamo (1994), pour
ensemble et électronique
Lara Morciano
Nei rami chiari (création
2022), pour ensemble et
électronique