Effectif détaillé
cor anglais
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clarinette en la
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basson
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cor
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marimba
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vibraphone
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harpe
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piano
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violon
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alto
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violoncelle
Date de composition 1988-2006
Durée 45 minutes
Editeur Universal Edition
Commanditaire dédidace pour les 80 ans d’Elliott Carter
Pierre Boulez : « En réfléchissant à certaines pièces de Ligeti, j’ai ressenti le besoin de me consacrer à un travail presque théorique sur le problème des périodicités, d’explorer systématiquement leurs superpositions, leurs décalages, leurs échanges; et j’ai pu découvrir des phénomènes rythmiques qui ne me seraient jamais apparus spontanément.”
Écrite pour un ensemble de onze instruments, l’œuvre est dédiée au compositeur américain Elliott Carter, dont on sait qu’il n’a cessé d’explorer les phénomènes liés au temps musical. Dérive 2 articule deux volets inversés, délimités par une longue note tenue à vide par le cor bouché et entendue à trois reprises : au début de l’œuvre, au milieu (c’est-à-dire au passage du premier au second volet) et en conclusion de la partition. Tout au long du premier volet, le tempo, parti d’un mouvement rapide, ne cesse de s’élargir, par paliers successifs. Il prend dans le second volet le chemin inverse, menant progressivement d’un tempo rapide à « Très vif ». Malgré son évidence, ce schéma général est contrarié dans le détail de l’écriture par le trouble incessant que vient jeter l’usage de procédés qui tendent à donner le sentiment inverse (démultiplication des valeurs, décalages rythmiques). La forme globale de l’œuvre entretient ainsi avec son contenu une relation fondamentalement ambivalente, où élargissement et accélération ne cessent de travailler l’un contre l’autre. Paradoxe rompu par la coïncidence finale qui, dans un tempo extraordinairement rapide, affirme enfin une direction générale, de façon presque brutale.
Alain Galliari